02.02.2022
Les histoires des génocides sont pleines de tragédies et d'atrocités. Des centaines de milliers de personnes sont impliquées dans le processus de meurtre, devenant des meurtriers de masse.
Mais en même temps, on rencontre des exemples sans précédent de compassion et d'héroïsme, lorsque certains individus risquent leur vie pour sauver leurs amis, leurs proches et même des étrangers qui ont été ciblés par le génocide.
Le musée du mémorial Yad Vashem à Jérusalem mentionne les noms de quelque 20 000 sauveteurs, ce qui n'est pas un grand nombre si l'on considère que le territoire où été perpétré l'Holocauste avait une population de plusieurs centaines de millions de personnes.
En 1953 le parlement israélien, la Knesset, a adopté une loi établissant un mémorial Yad Vashem aux héros des victimes juives du génocide sur une colline à Jérusalem. Le but de ce dernier était de commémorer les six millions de Juifs tués par les nazis et leurs alliés pendant l'Holocauste, de rendre hommage aux combattants de la résistance juive, ainsi que de "se souvenir des dissidents nobles qui ont risqué leur vie pour sauver les Juifs."
En 1962, le jour de la mémoire de l'Holocauste, l'allée de la gratitude a été ouverte au mémorial de Yad Vashem, où des arbres sont encore plantés à la mémoire des sauveteurs. En 1963 un comité d'universitaires impliqués dans la recherche sur l'Holocauste a été mis en place sous la présidence de la Cour suprême d'Israël pour déterminer les critères de déclaration de Sauveteur. Ils sont :
1. Le Sauveteur doit s'impliquer activement pour sauver les Juifs de la mort.
2. Le Sauveteur doit risquer sa vie ou sa liberté en essayant de sauver les Juifs.
3. Le motif du salut doit être le désir de sauver les Juifs de l'Holocauste. En d'autres termes, l'intérêt personnel du sauveteur, notamment l'intérêt financier, le motif de conversion, l'intention d'adopter un enfant juif doivent être exclus.
4. Le témoignage du survivant sur le rôle du sauveteur pour le salut est nécessaire. S'il n'y a pas de tel témoignage ou s'il n'est pas possible de l'obtenir, alors des faits indiscutables sont nécessaires pour prouver l'acte de sauvetage.
Après avoir rempli ces critères, les sauveteurs recevront une médaille et un diplôme d’honneur. Leur nom est ajouté au mur d'honneur du jardin des sauveteurs de Yad Vashem. En Israël ou dans leur pays de résidence, les sauveteurs sont récompensés par l'intermédiaire des représentants diplomatiques israéliens. Le titre de sauveteurs est attribué aux non-juifs.
La liste des bienfaiteurs de Yad Vachem comprend des personnes de nationalités et de religions différentes, des citoyens de nombreux pays. L'Arménie est le 25ème dans cette liste. 26 de nos compatriotes ont reçu cet honneur.
La mémoire du génocide des Arméniens, pour la plupart d'entre eux, est devenue le motif de sauver. L'amère expérience de leur propre peuple les a poussés à aider les autres dans une tragédie similaire.
Pour apprécier le caractère unique d'un acte de gratitude, il faut se rappeler les circonstances dans lesquelles ils ont accompli l'acte, mettant en danger leur vie et celle de leur famille. Tant pendant le génocide des Arméniens que pendant l'Holocauste, des peines sévères ont été imposées pour avoir aidé et encouragé les victimes, y compris l'anéantissement de toute la famille.
L'acte de sauvetage est un exploit exceptionnel, qui montre que même dans les conditions terribles du génocide, il est possible d'aider le faible, la victime, la cible. Les sauveteurs ont surmonté la peur et l'indifférence, se sont prononcés contre la politique génocidaire du gouvernement et de la société les plus génocidaires, devenant une norme de comportement moral pour les générations futures. Ils prouvent qu'on peut et on doit résister au mal.
LISTE DES SAUVEURS ARMÉNIENS
1981 Djérédian Ara
1982 Biourkdjian Ervand et Elbis
1992 Tachtchian Aram et Felicia
1993 Ghoukassian Albert et Makrouhi, leur fille Berta
1999 Mkrtchian Vardan, sa mère Arakel
1999 Chahbazian Knarik
2002 Grigori Tachtchian et Pran, leurs enfants Hasmik et Tigran
2003 Kichéchian Harout et Tchagorouko Natalia Kisheshyan, leur fille Almaza
2010 Hakobian Achkhène
2011 Dilsizian George et son fils André-Gustav
2013 Baghdassarian Pirouza et son fils Sargis
2013 Khatchatrian Haroutioun
Sourèn Manoukian
Chef du Département Vahagn Dadrian des études comparatives des génocides, licencié en histoire