En mai 1990, des archives des lettres, photos et documents de l'un des participants inconnus de l'opération
"Némésis *" (Affaire spéciale), Aharon Satchaklian, ont été retrouvés aux États-Unis seulement 26 ans après sa mort. Les membres de la famille d'Aharon Satchaklian n'ont jamais supposé que leur parent avait joué un rôle dans l'opération Némésis, car ce dernier non seulement n'a pas soulevé ce fait biographique remarquable et historiquement significatif, mais l'a soigneusement caché aux étrangers.
En 2015 sur la base des riches documents retrouvés, Marian Mesrobian-McCurdy un livre intitulé : "Justice sacrée. Les voix et l'héritage de l'opération arménienne Némésis" préfacé par Jirayr Liparitian, y présentant les activités de son grand-père maternel, Aharon Satchaklian, en particulier sa participation à l'opération Némésis.
Qui était Aharon Satchaklian?
Comme nous le savons,
l’Affaire spéciale (l’opération Némésis) était une opération top secrète, de sorte que ses organisateurs, ses membres et toute information liée à l'affaire n'avaient pas été décodés depuis des décennies. C'est pourquoi les noms de certains des participants à l'affaire sont encore inconnus. Aharon Satchaklian était collaborateur du journal « Haïrenik » publié à Boston, qui était le siège central pour organiser
l’affaire spéciale et fournir des ressources matérielles.
Il est né le 9 septembre 1879, à Malatya (Empire ottoman). En 1895, avant le début des massacres hamidiens dans sa ville natale, Aharon, âgé de 16 ans, avec plusieurs de ses compatriotes a navigué de Constantinople à Marseille, où il a rencontré Mkertitch Portougalian, le fondateur du parti Arménakian. En 1896 il s’installe à Hartford (USA) et étudie la comptabilité au Huntsinger Business Collège.
En 1909 peu de temps après la Révolution des jeunes Turcs, Aharon part à la rencontre de sa mère et de son frère, Jacob, qu'il n'avait pas vu depuis plus de 14 ans. Pendant ce temps, il a entamé une correspondance avec Archak Vramian (Onnik Derdzakian), membre de FRA et député du Parlement ottoman. Au début d’avril 1909, alors qu'Aharon était déjà à Dort Yol, les Arméniens locaux, comme la population des autres localités arméniennes de Cilicie, avaient recouru à l’auto-défense, menant des combats de mort et de vie face aux forces turques supérieures. L'autodéfense vraiment héroïque des Arméniens de Dort-Yol était dirigée par Mihran Melkonian, qui d’ailleurs, était le frère d’Eliza, l’épouse d'Aharon.
Le siège turc de Dort Yol a été arrêté seulement 13 jours plus tard, grâce à la lutte héroïque des Arméniens et à l'intervention de consuls étrangers, à qui Aharon aussi avait envoyé de nombreuses pétitions. Avec son frère Jacob, il organise des livraisons de nourriture et de vêtements des États-Unis aux Arméniens affamés de Dort Yol.
De retour aux États-Unis, A. Satchaklian a travaillé pendant une courte période chez son frère aîné, dans le magasin des tapis orientaux de Stépan, à Hartford, puis au journal « Hayrenik » de Boston.
En 1915, lorsque les déportations massives et les massacres d'Arméniens ont commencé dans l'Empire ottoman, Aharon Satchaklian a utilisé ses relations avec les missionnaires de la Croix-Rouge américaine pour essayer de soutenir en quelque sorte ses compatriotes.
Il rejoint
l’Affaire spéciale ou l'opération Némésis en 1919. Pendant cette période, Aharon a eu une correspondance étroite avec Chahan Natali, Vahan Zakariants, Hamo Baraghamaïan, un agent d'assurance aux États-Unis (S.Tehlirian écrit également sur ce dersier-ci dans ses mémoires) et le chimiste Zavèn Nalbandian. Tous étaient des participants directs à
l’Affaire spéciale, ayant des rôles différents.
Il est intéressant de noter qu'en plus de ces lettres contenant des informations historiques importantes, les archives d’A. Satchaklian contiennent également la liste manuscrite de 100 criminels turcs qui ont organisé la déportation et le massacre d'Arméniens. En outre, des photos de certaines des figures de la liste ou des coupures de journaux avec leurs portraits.
Aharon Satchaklian était en charge du financement de l’Affaire spéciale, de la mise à disposition des ressources matérielles et des dépenses nécessaires.
1920 Eliza et Aharon Satchaklian et leurs trois enfants se sont finalement installés à Syracuse, aux États-Unis, prenant une part active à la vie de la communauté arménienne en fondant l'Église arménienne locale.
Aharon Satchaklian jusqu'en 1933 était membre du Comité central de FRA des États-Unis et membre de FRA jusqu'à sa mort. Le combattant de l’Affaire spéciale est décédé en le 5 août 1964, à l'âge de 85 ans.
Ses derniers mots à sa femme étaient les suivants :
"Je pourrais faire plus…"
Gohar Khanoumian
Chef des archives du MIGA, chercheuse
Je tiens à remercier l'auteur du livre, Marian Mesrobian-McCurdy, pour la permission de publier les photos jointes au matériel, et à la maison d'édition « Transaction Publishers », qui détient le droit d'auteur sur la photo et le texte.
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*Afin de traduire en justice les jeunes criminels turcs qui ont évité la responsabilité pénale dans l'Empire ottoman, lors de la neuvième Assemblée générale de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) tenue à Erevan, en automne de 1919, l’Affaire spéciale a été mise en place sous la direction de l'ambassadeur arménien aux États-Unis, Armèn Garo, pour réprimer les organisateurs et les auteurs du génocide des Arméniens. Il convient de noter que l'entreprise secrète appelée Affaire spéciale est principalement connue sous le nom de "Némésis".
Armèn Garo, assis, à sa gauche Aharon Satchaklian, Zavèn Nalbandian et Vagharche ( ?) Barséghian. (Les premiers trois sont des membres de Némésis, et le dernier est le membre du Comité central de FRA des États-Unis).
Source : Mesrobian MacCurdy M., Sacred Justice; The Voices and Legacy of the Armenian Operation Nemesis, with a foreword by Gerard Libaridian, Translations by Arsine Oshagan, New Brunswick (USA) and London (UK), «Transaction Publishers», 2016
Aharon Satchaklian, vers 1920
Source : Mesrobian MacCurdy M., Sacred Justice; The Voices and Legacy of the Armenian Operation Nemesis, with a foreword by Gerard Libaridian, Translations by Arsine Oshagan, New Brunswick (USA) and London (UK), «Transaction Publishers», 2016
Aharon Satchaklian et le général Sépouh, 1927 (Armèn Garo a chargé Sépouh de diriger l’opération Némésis après sa maladie)
Source : MesrobianMacCurdy M., Sacred Justice; The Voices and Legacy of the Armenian Operation Nemesis, with a foreword by Gerard Libaridian, Translations by Arsine Oshagan, New Brunswick (USA) and London (UK), «Transaction Publishers», 2016
Couverture du livre
Mesrobian MacCurdy M., Sacred Justice; The Voices and Legacy of the Armenian Operation Nemesis, with a foreword by Gerard Libaridian, Translations by Arsine Oshagan, New Brunswick (USA) and London (UK), «Transaction Publishers», 2016
Source : MesrobianMacCurdy M., Sacred Justice; The Voices and Legacy of the Armenian Operation Nemesis, with a foreword by Gerard Libaridian, Translations by Arsine Oshagan, New Brunswick (USA) and London (UK), «Transaction Publishers», 2016.