11.05.2022
Cette année marque le 120e anniversaire de la mort de Clara Barton, fondatrice de la Croix-Rouge américaine, amie du peuple arménien.
Clara Barton était la fondatrice et présidente de la Croix-Rouge américaine. En février 1896, à l'âge de 75 ans, elle est arrivée à Constantinople, capitale de l'Empire ottoman, pour secourir la population arménienne touchée par les massacres de 1894-1896.
Clarissa Harlow Barton est née le 25 décembre 1821 dans la ville de North Oxford de l’État de Massachusetts. Elle était le cinquième enfant d'une famille nombreuse. Clara a non seulement suivi son éducation indépendamment, avec l'aide de ses frères et sœurs aînés, mais a également commencé à enseigner à l'âge de 17 ans. En 1850 elle s’inscrit au Clinton Liberal Institute de New York et, deux ans plus tard, fonde la première école publique du New Jersey, dans la ville de Bordentown. En 1854 Clara Barton se rend à Washington, pour travailler pour l'Office américain des brevets. C'était un cas exceptionnel à l'époque où une femme était affectée à un poste dans l'un des bureaux du gouvernement fédéral.
Pendant la guerre civile américaine (1861-1865), Clara Barton et un groupe d'amis ont entrepris d'aider les soldats. Auparavant, les femmes n'étaient pas autorisées à visiter les hôpitaux de campagne, les camps militaires ou les champs de bataille aux États-Unis. Cependant, avec son dévouement et son courage, Clara Barton gagne la confiance des fonctionnaires et des officiers de l'État. Pour son travail, elle est devenue connue comme
"l'ange du champ de bataille".
En 1864 Clara Barton prend officiellement la tête de l'Association des infirmières des États-Unis, collectant des fonds, fournissant des fournitures hospitalières et formant des infirmières. À la fin de la guerre, sur instruction du président américain Abraham Lincoln, elle est chargée de recueillir des informations sur les soldats portés disparus sur le champ de bataille, d'imprimer des listes et d'identifier les morts.
En 1869 Clara Barton part pour l'Europe. En Suisse, elle prend connaissance des activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les principes fondamentaux de la Convention de Genève, en tant que volontaire prend part aux opérations de sauvetage de la Croix-Rouge lors de la guerre franco-prussienne en 1870-1871.
Clara Barton retourne aux États-Unis en 1873 et mène une vaste campagne de diffusion des idées de la Croix-Rouge. En mai 1881, Clara Barton a fondé la Croix-Rouge nationale américaine et, un an plus tard, les États-Unis ont adhéré à la Convention de Genève. Grâce au travail actif de Clara Barton, dans la Convention de Genève, en 1884 un amendement est en cours d'élaboration, selon lequel le Comité international de la Croix-Rouge devrait être engagé dans des activités humanitaires non seulement en cas de guerre mais aussi en cas de catastrophes naturelles.
En 1895 le Comité national arménien de secours, qui avait été fondé à New York et les Conseils de missionnaires américains s'adressent conjointement à la Croix-Rouge américaine et K. Barton avec une demande de collecter des fonds pour les victimes des massacres organisés par Abdul Hamid II dans l'Empire ottoman. La collecte de fonds avait déjà commencé au Royaume-Uni et aux États-Unis, mais aucune autre organisation autre que la Croix-Rouge n'avait l'expérience ou les ressources nécessaires pour apporter de l'aide à la Turquie. La situation était inhabituelle pour Clara Barton, car il ne s'agissait ni d'une catastrophe naturelle ni d'une situation de guerre.
C'était un massacre provoqué par l'homme avec des éléments politiques subtils. L'idée d'inclure la Croix-Rouge américaine dans l'assistance à la population arménienne touchée par les massacres appartient au missionnaire américain à Constantinople, l'honorable Henry O. Dwight.
Le 14 décembre 1895, C. Barton annonce que la Croix-Rouge américaine enverra de l'aide dès qu'elle récoltera suffisamment de fonds pour venir en aide à quelque 350 000 personnes nécessiteuses. Environ 116 000 dollars sont collectés via diverses organisations américano-britanniques, principalement via des églises protestantes et évangéliques. L'ambassade de l'Empire ottoman à Washington a refusé d'accorder des visas aux membres de la Croix-Rouge américaine, voyant des intrigues politiques ou des ingérences dans ses affaires intérieures dans tout programme d'aide étrangère. Cependant, Clara Barton décide d'aller personnellement négocier avec la Sublime porte.
La Sublime porte permet à la Croix Rouge Américaine et sa présidente de bonne réputation, de venir en aide aux victimes des massacres d’Arméniens, et de proposer des programmes de réhabilitation agricole aux régions. Dans le même temps, la condition préalable du gouvernement était que le programme ne puisse pas être mis en œuvre sous la devise de la Croix-Rouge, mais soit enregistré comme une expédition personnelle de Clara Barton. La Sublime porte craignait que le symbole de la Croix-Rouge ne renforce l'hostilité religieuse déjà explosive des Turcs envers les chrétiens.
La Croix-Rouge a envoyé quatre expéditions en
Turquie arménienne, aux régions de la Méditerranée à la mer Noire, fournissant une assistance indispensable, réparant les maisons et relocalisant les survivants.
Les massacres ont été suivis d'épidémies de typhus abdominal et exanthématique, de dysenterie et de variole. Ira Harris, une épidémiologiste bien connue basée à Tripoli, en Syrie, a été invitée à stopper les épidémies dans les villes de Zeïtoun et Marache. Grâce aux efforts des spécialistes américains, le nombre de cas de la maladie et de la mortalité a considérablement diminué.
Les déportés étaient logés, pourvus de pain, de médicaments, de vêtements, de semences, de faucilles, de rouets et de métiers à tisser.
Cependant, le gouvernement turc créait des obstacles pour la Croix-Rouge, avec de nombreux télégrammes et lettres pessimistes en provenance des États-Unis l'avertissant d'arrêter sa mission de secours. Le 2 septembre, K. Barton part pour Londres, où elle apprend l'incident de la Banque ottomane et les nouveaux massacres qui l’ont suivi de la population arménienne à Constantinople. Cette fois, on lui conseille de ne pas retourner à Constantinople.
C. Barton ne considérait pas la mission d'aider la population arménienne de l'Empire ottoman comme achevée, car
"les Arméniens chrétiens ont été laissés aux caprices de la société semi-sauvage, 100 à 200 000 d'entre eux avaient encore besoin d'un abri, de médicaments, de nourriture et de la bienveillance charitable du monde civilisé."
À Washington, fin 1897, les rapports de C. Barton et de ses collègues sur leur mission humanitaire dans l'Empire ottoman ont été publiés en un seul volume. Ces rapports fournissent des descriptions détaillées du sort de la population arménienne touchée par les massacres et de l'aide apportée par les expéditions américaines. Clara Barton a dirigé la Croix-Rouge américaine jusqu'en 1904.
Clara Barton est décédée le 12 avril 1912 dans le village de Glen Eco, Maryland, à l'âge de 91 ans. Elle est l'auteur des volumes « L’histoire de la Croix-Rouge », « La Croix-Rouge entre la Paix et la Guerre ».
En 2012, à l'initiative du Musée-Institut de génocide des Arméniens et avec le soutien de l'Ambassade des États-Unis en Arménie, une urne pleine de terre ramenée de la tombe de Clara Barton a été résumée dans le Mur de deuil, l’un des éléments du Mémorial de génocide des Arméniens et une plaque a été érigée. Le Musée-Institut de génocide des Arméniens a mis en circulation une médaille commémorative en or à son nom dans la catégorie "Gratitude" et une carte nominale de mémoire.
Loussiné Abrahamian
Directrice adjointe des affaires de musée du MIGA
Clara Barton, vers 1890 (bibliothèque du Congrès)
Ishbel Rose, Angel of the Battlefield. The Life of Clara Barton. The story of extraordinary woman who founded the AMERICAN RED CROSS, New York 1956.
Carte de la mission de secours de la Croix-Rouge américaine dirigée par Clara Barton, 1896
Mission de secours de la Croix-Rouge américaine en Asie Mineure, Clara Barton, MIGA, Erevan 2012.
Trousse de premiers soins et fournitures par Clara Barton (bibliothèque du Congrès)
Ishbel Rose, Angel of the Battlefield. The Life of Clara Barton. The story of extraordinary woman who founded the AMERICAN RED CROSS, New York 1956.
Maison de Clara Barton, village de Glenn Eco, Maryland. En 1897-1904 elle a servi de bureau de la Croix-Rouge (bibliothèque du Congrès).
Ishbel Rose, Angel of the Battlefield. The Life of Clara Barton. The story of extraordinary woman who founded the AMERICAN RED CROSS, New York 1956.
Cérémonie de placement de la terre apportée de la tombe de Clara Barton et d'une plaque commémorative dans le Mur de deuil du mémorial de génocide des Arméniens, 2012.
Musée-Institut de génocide des Arméniens