12.12.2019


Cette photographie illustre les épreuves terribles endurées par les familles arméniennes pendant le génocide. De nombreuses familles, sans défense et sans espoir de secours, furent déportées dans les déserts de Syrie. Beaucoup d’entre elles moururent ou furent séparées en chemin ou perdirent des membres.

Cette sœur et son petit frère ont été séparés sur le chemin de l’exil. Ils se sont retrouvés trois ans plus tard, dans le désert de Deir ez-Zor.

Des dizaines de milliers de familles arméniennes périrent pendant le génocide. Des lignées entières furent exterminées. Les survivants perdirent leur famille, leur femme, leur mari, leur mère, leur père, leurs frères et sœurs. La politique d’extermination des Arméniens menée par l’Empire ottoman, qui aboutit au vol de territoires ancestraux, au massacre et à la déportation de la population, engendra également des milliers d’orphelins.

Certaines Arméniennes, enfermées dans les harems turcs, refusèrent de quitter leur nouvelle famille, soucieuses du bien-être de leurs jeunes enfants et incertaines quant à leur capacité à résister aux épreuves futures. Parmi les enfants arméniens qui survécurent, très peu d'entre eux réussirent à préserver leur arménité.

« Les plus affreuses cruautés de jadis ne sont rien en comparaison de ce martyr lent, calculé pour atteindre le sommet de la barbarie. Pauvres gens ! Il n’en restera guère après la guerre. Vous vous faisiez, je me faisais moi-même quelques illusions sur le sort de ces déportés. J’espérais que les Turcs les laisseraient à peu près en paix dans les provinces du Sud. Je savais qu’ils souffriraient du climat, de la misère, mais je ne pouvais croire que Deir ez-Zor, entre autres, où j’ai passé jadis quelques jours à visiter les ruines byzantines des environs, deviendrait un charnier […]. »

Jacques de Morgan, archéologue français


Source de la photographie : collections des Archives nationales d'Arménie
Du livre 100 histoires de photo sur le Génocide des Arméniens