17.07.2019
Sur cette photographie, la Danoise Karen Jeppe, grande arménophile et commissaire à la Société des Nations, traverse l'Euphrate. Elle a parcouru des milliers de kilomètres à travers le désert mésopotamien, afin de libérer les femmes et les enfants arméniens retenus captifs. La Ford de Jeppe, surnommée Anna, était un élément indispensable de cette mission ; après plusieurs accidents, la voiture fut finalement détruite. Karen Jeppe dut acquérir une nouvelle voiture, visible sur cette photographie.
En 1921, Karen Jeppe fut nommée commissaire à la Société des Nations. Elle avait pour responsabilité la libération des femmes et des orphelins arméniens.
Trois mois seulement après sa création, cette commission avait déjà retrouvé une centaine d’Arméniennes. Afin de gagner en efficacité, Karen Jeppe fonda le centre de recherche d’Alep.
Le nombre important de femmes et d'enfants libérés aboutit à la création d'un refuge dédié. Les femmes y recevaient des soins, des vêtements et des repas ; leur identité était vérifiée et leur photographie, accompagnée de leur nom, était transmise aux journaux, aux églises et aux associations arméniennes, afin de retrouver leurs proches.
Les femmes dont on ne pouvait retrouver la famille étaient placées dans des «Maisons solitaires». Elles étaient encouragées à adopter des orphelins.
Le fils adoptif de Karen Jeppe, Misak Melkonian, menait les opérations de recherche et de sauvetage des orphelins, tandis que Karen Jeppe s’occupait de l’organisation des soins. Partout dans le désert, on entendait résonner : «Une pièce d'or rouge pour un Arménien.»
« Ce projet lui était proposé par la Société des Nations. Un travail difficile : rassembler les orphelins arméniens demeurant parmi les Arabes, suite à l’exode. Le travail était lourd et elle était physiquement diminuée. Elle dit : “Je ne peux pas faire ce travail.” Je lui répondis : “Mère, accepte-le ; moi, je le ferai. Pour libérer les enfants de ma nation, je surmonterai toutes les difficultés.” »
Extrait des mémoires du fils adoptif de Karen Jeppe, Misak Melkonian (publication inédite)
Source de la photographie : collections du Musée-Institut du Génocide des Arméniens