17.12.2022


De 12 à 13 décembre, le 4e Forum mondial « Contre le crime de génocide » s'est tenu à Erevan sous le titre « Prévention du génocide à l'ère des nouvelles technologies ». Dans le cadre de la table ronde « Le détournement des dernières technologies et le risque de génocide », Narek Poghossian, chercheur du Département V. Dadrian d'études comparatives sur le génocide, a lu un rapport. Nous vous présentons son discours ci-dessous.

« Chers collègues, je voudrais attirer votre attention sur le fait que les technologies se développent à grande vitesse et peuvent dépasser les activités des gens dans divers domaines. Cela concerne surtout l'intelligence artificielle, qui accomplit déjà des tâches complexes plus rapidement et plus efficacement que les humains.

L'application de l'intelligence artificielle promet d'énormes avantages à l'humanité, par ailleurs, cela présente de nombreux dangers. Bien que l'intelligence artificielle en soit encore au stade initial de son développement, les dangers sont liés non seulement aux développements dans un avenir proche et lointain, mais également à la situation actuelle.

De nos jours, les armes autonomes qui peuvent être utilisées pour cibler des groupes nationaux, religieux et raciaux spécifiques constituent la plus grande menace, car ces armes équipées d'intelligence artificielle permettront d'identifier rapidement les personnes appartenant à ces groupes et, si nécessaire, de les détruire.

Et particulièrement dangereux est l'utilisation de drones, dont la création peut être réalisée dans des institutions privées avec un budget limité et dans un laps de temps relativement court. Un rapport de l'ONU l'année dernière alléguait que la Turquie avait utilisé des drones Kargu-2 entièrement autonomes pour tuer des soldats en fuite pendant la guerre civile libyenne. Et il convient de noter que l'Azerbaïdjan souhaite actuellement acquérir de telles technologies auprès de la Turquie.

Compte tenu des dangers potentiels des armes autonomes, les leaders de la technologie ont écrit aux Nations Unies pour demander des mesures pour empêcher le développement d'armes autonomes qui fonctionnent sans contrôle humain. Et en octobre, lors de l'Assemblée générale des Nations Unies, pour la première fois, 70 pays du monde ont adopté une déclaration commune sur les robots tueurs. Bien que les mécanismes, règles ou restrictions nécessaires convenus au niveau international sur la question des robots mortels n'existent pas encore, ce problème nécessite une solution urgente.

Les progrès de l'intelligence artificielle ont également le potentiel de déstabiliser l'ensemble de l'écosystème de l'information en ligne, et les réseaux sociaux pourraient en devenir les premières victimes. Les médias sociaux peuvent constituer un outil sérieux pour mener une propagande génocidaire contre les minorités ethniques, raciales et religieuses.

Et les chatbots dotés d'intelligence artificielle sont capables de diffuser des informations nuisibles voire génocidaires. Il existe également un risque élevé que la diffusion de fausses vidéos utilisant des outils d'intelligence artificielle, en particulier les dipfakes, soit utilisée pour répandre le discours de haine.

Ainsi, il est devenu urgent pour l'humanité de créer des mécanismes juridiques appropriés basés sur la protection des droits de l'homme et des normes éthiques pour prévenir les éventuels dangers de génocide et de massacres de masse grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle. »