18.02.2023
La traduction anglaise du livre "The Country of My Soul" d'Angel Tévékélian, guide touristique senior du MIGA, présentant l'histoire de sa grande famille, a été publiée. Le livre a également été traduit en russe.
L'histoire des Tévékélian de Malatya historique est similaire à l'odyssée de milliers de grandes familles qui ont survécu au génocide des Arméniens.
La veille du génocide, les frères Tévékélian, Sarkis (1855-1915) et Hambardzoum (1858-1914), vivaient et travaillaient ensemble avec leurs familles. Ils avaient un travail en commun : ils peignaient des toiles et les vendaient dans leur propre boutique. Sarkis avait deux enfants et Hambardzoum en avait six.
En 1913 l'un des fils de Hambardzoum, Tadévos part en Amérique pour travailler à l'étranger. Au début de la Première Guerre mondiale, les hommes de la famille Tévékélian, Guévork et Tavakal, en âge de conscription, parviennent à être exemptés du service militaire grâce à une taxe appelée « bedel ». Cependant, plus tard, Sarkis et Guévork Tévékélian n'ont pas été épargnés des arrestations d'hommes arméniens à Malatya (Guévork était adhéré à l'ARF). Les divisant en deux groupes, les Turcs les emmènent dans des endroits appelés Tachdep et Inder et les hachent (ceux qui ont été tués à Inder étaient les célèbres Arméniens de Malatya).
Toutes les femmes de la famille Tévékélian sont déportées avec leurs enfants. En entendant parler de la violence contre les femmes et les filles arméniennes, les parents donnent Hripsimé âgée de 20 ans, et Heghiné âgée de 15 ans, à des voisins turcs, et Hakob à une femme kurde.
Manvel, qui avait neuf ans, perd ses proches dans un endroit appelé Almaloghlou. Un fonctionnaire turc l'emmène chez lui et le garde au sous-sol pendant un certain temps, car il y avait une punition sévère pour avoir caché un « guiaour ». Sur ordre d'un fonctionnaire turc, Manvel est nourri, habillé et en retour se voit confier de petites tâches ménagères. Par une froide matinée de février, des maisons turques sont perquisitionnées. L'officiel turc descend Manvel dans le puits, le recouvre de paille et de haillons. La police, ne trouvant rien de suspect, s'en va. Après 12 heures dans le puits, Manvel est ressorti presque à moitié mort. Le Turc, frottant le corps gelé de l'enfant avec de la vodka, le sauve. Après un certain temps, Manvel est remis à un orphelinat américain. La séparation est bouleversante. L’effendi turc serre Manvel dans ses bras, lui caresse la tête, lui embrasse les joues et lui chuchote à l'oreille :
"Je suis Arménien, mon fils, personne ne le sait, ne m'oublie pas, souviens-toi de moi dans tes prières..."
Manvel s'installe en Syrie avec les enfants de l'orphelinat, puis, en 1922, dans la ville égyptienne d'Alexandrie, où il retrouve sa sœur Héghiné.
En été 1916, Hakob, âgé de 16 ans, parvient à s'échapper de l'environnement kurde. Il retrouve sa sœur Hripsimé à Malatya, et après quelque temps, Haykaz, fils de Guévork. On a vite appris que Tadévos était revenu des États-Unis et avait rejoint l'équipe de Sébastasi Mourad, mais il n'a jamais été vu. En automne 1916, Tadévos est tué. En 1920 Haykaz, Hakob et Hripsimé Tévékélian partent en Syrie puis aux États-Unis.
Ainsi, sur 16 membres de la famille Tévékélian, seuls cinq enfants ont survécu au génocide.
En 1946 le rapatriement de dizaines de milliers d'Arméniens rescapés du génocide commence. Le premier convoi est arrivé à Batoumi depuis l'Égypte par bateau, comprenant Manvel Tévékélian, sa sœur Héghiné et sa famille. Plus tard, ils se sont installés à Leninakan (aujourd'hui Gyumri).
Dans une annonce publiée en 1960 dans l’hebdomadaire « Hayréniki dzayn » de l’Arménie soviétique, dont l'auteur était Haykaz Tévékélian, un résident de Boston, il a été rapporté que Hripsimé, Hakob et Haykaz de la famille Tévékélian ont été miraculeusement sauvés du génocide et se sont installés à Boston, aux États-Unis. Des membres de la famille Tévékélian, survivants du génocide des Arméniens, se rencontrent à Erevan en 1962 et 1967.
Nous pensons que ce documentaire, présenté dans un esprit littéraire, résonnera dans le cœur de chaque lecteur.
Il convient de noter que les versions arménienne, russe et anglaise du livre sont vendues à la librairie du musée du génocide des Arméniens.