29.05.2015
Le Musée-Institut du Génocide arménien annoncera chaque mois « Le livres du Mois » à l’occasion du Centenaire du Génocide des Arméniens. L’élection ne sera pas au hasard. Les livres du mois seront les mémoires du Génocide des Arméniens, les études et d’autres publications qui ont suscité un grand intérêt. Le but de ce projet est de présenter les œuvres rares et encore inconnues aux lecteurs pour approfondir leur connaissance de ce sujet.
Les mémoires de Haroutyoun Alboyajian (1904-1994) « Par les routes de la crucifixion » ont été élues par le Musée-Institut du Génocide arménien en tant que le livre du Mois de Mai. Les mémoires ont été écrits par la fille de Haroutyoun Alboyadjian, Anjela Alboyadjian. C’est l’histoire du rescapé Haroutyoun, né au village de Fentechag en Cilicie montagnarde, qui a survécu les cauchemars et la perte du 20ème siècle, frappés son peuple.
Parmi les mémoires, ce livre se distingue par l’amplitude des faits précieux historiques et ethnographiques, par les détails intéressants des figures connues. Les Mémoires sont composées de 8 chapitres : l'enfance, la déportation, les orphelinats, l'éducation, l'Arménie soviétique, l'exil, le rapatriement, la Grande Guerre patriotique, la captivité, la foi sauve l'homme.
Haroutyoun Alboyajian avait 10 ans lorsque les massacres ont commencé. Dans la famille nombreuse seulement Haroutyoun et son frère cadet Karapet ont pu se sauver. Son père et son frère aîné ont été tués par les Turcs, tandis que sa mère et les autres membres de sa famille ont été tués sur la route.
L’auteur présente des informations historiques exceptionnelles concernant l’auto-défense héroïque de sa ville natale, Fentechag. Les villageois ont décidé de ne pas désarmer, mais de se battre jusqu'à la fin pour protéger leur maison et leur famille. Mais les Turcs ont envoyé l’armée régulière et nombreuse, qui a assiégé ensuite brûlé les villages.
Il y a une ample information concernant l’exode et les déportés. « Il faisait chaud, il n'y avait pas d’eau, il y avait des maladies, la peste, en bref un véritable enfer ». Entant sauvé de l’exode, il a apparu avec son frère dans l’orphelinat d'Antoura parrainé par Djemal Pacha où il a été converti de force à l’islam, reçu un nouveau prénom et un chiffre à la place du nom.
Haroutyoun de 12 ans tissait à orphelinat des ceintures et les vendait pour cinq kuruchs. La visite de Djemal Pacha à l'orphelinat était très vivante dans ses mémoires.
Au début 1918, quand Djemal Pacha a visité l'orphelinat d'Antoura, on lui a présente l’orphelin numéro 535 et a montré la ceinture, qu’il avait tissé. Haroutyoun a gardé cette ceinture pour mémoire, qui est aujourd’hui dans l'exposition permanente du Musée du Génocide arménien.
Après l’armistice de Moudros en 1918 l'orphelinat passe sous la supervision de la Croix-Rouge. Les orphelins arméniens se rebaptisent et réadaptent le christianisme.
Haroutyoun Alboyajian se souvient avec la reconnaissance de la travailleuse de Croix-Rouge, Berta Morley. « Elle s’approchait de chaque enfant dormis, les couvrait s’ils étaient ouverts, si la couverture était sur le visage elle la retirait pour que l'enfant respirait l'air. En bref, elle était une ange gardienne pour nous ».
Après avoir quitté l'orphelinat Haroutyoun Alboyajian s’est établi à Thessalonique et en 1925 il a rapatrié en Arménie soviétique.