Afin d'étudier les problèmes liés aux orphelins arméniens pendant les années du génocide des Arméniens, en particulier, le nombre d'orphelins, le document « Orphelins arméniens ; bulletin sur la situation des orphelins arméniens, les orphelinats, les associations caritatives, statistiques » («Հայ որբեր. տեղեկագիր hայ որբերու կացութեան, որբանոցներու, հոգատար մարմիններու մասին եւ վիճակագրական ցուցակներ») est une source très importante, compilé à la demande de la délégation nationale arménienne en 1923, fait qui attache une grande importance à la fiabilité du document. Le bulletin a probablement été rédigé par Aram Antonian, bien que son nom ne soit mentionné nulle part dans le livret, mais étant donné qu'il était le secrétaire de la délégation nationale à l'époque, il est considéré comme le compilateur de ce bulletin.

Ce bulletin présente soigneusement et en détail les données des orphelins arméniens, des orphelinats établis dans différents endroits et des organisations sous la garde desquelles les orphelinats opéraient. Ce bulletin n'a pas encore été mis en circulation, il est unique par sa nature, car il fournit des informations complètes sur les orphelins arméniens qui sont apparus dans le désert syrien après le génocide des Arméniens et se sont ensuite installés dans différentes directions.

Le bulletin nous a été remis par Mihran Minassian, chef du département de Mémoires, documents et d’étude de la presse de la Fondation du MIGA, dont nous le remercions.

Les données statistiques résumées dans le bulletin sont présentées selon les divisions géographiques et selon les autorités de tutelle. Le nombre et les listes d'orphelins dans les orphelinats de Constantinople, Syrie, Jérusalem, Arménie, Géorgie, Géorgie, Grèce, Bulgarie, Roumanie, Suisse, France, Italie, Canada sont présentés par des régions distinctes. La version française est également incluse à la fin du bulletin.

Il convient de noter que le bulletin d'information a été compilé à partir des principaux mouvements de déportés, après la déportation définitive des Arméniens de Cilicie, après le travail d'orphelinat effectué par des organisations caritatives arméno-étrangères, des missionnaires et des particuliers.

Bien entendu, il convient de noter que cela n'inclut pas les orphelins qui se sont assimilés aux harems turcs et à l'environnement islamique, perdant leur identité arménienne ou restant dans des orphelinats turcs. Dans la première partie du bulletin, dans la section "Présentations générales des orphelins arméniens, des orphelinats et de leurs soins", les données des orphelinats et des orphelins selon la situation géographique sont présentées séparément. La deuxième partie est intitulée "Informations statistiques sur les orphelins arméniens et les organisations de sollicitude", la troisième partie - "Statistiques des orphelins arméniens".

Le nombre total d'orphelins à Constantinople est de 3 044, dont 1 554 garçons et 1 490 filles d’après le bulletin. Les orphelins des camps de réfugiés, les orphelinats de Garaguiozian et Galfaïan étaient sous la protection nationale et en même temps avec le soutien des États-Unis. Dans le même temps, il y avait 2 386 orphelins sous tutelle nationale et 1 057 orphelins ont reçu des soins avec le soutien de la Garde nationale américaine, dont 300 non enregistrés, c'est-à-dire des orphelins non enregistrés et restés sans soins.

Dans le bulletin, le nombre d'orphelins hébergés en Syrie est de 8 630 orphelins. 1164 personnes à Alep, l'orphelinat arménien d'Alep, 97 personnes dans l'orphelinat-atelier de Cilicie fondé par l'UGAB. Ce dernier a œuvré en 1922-1925 sous la direction de Vahan Kiourktchian, où des orphelins de quinze ans venaient, ils sont restés un an et ont appris un métier, quittant l'orphelinat après avoir été autosuffisants.

575 orphelins dans l'orphelinat Kélékian à Beyrouth, 126 orphelins sous les auspices du Comité de secours pour le Proche Orient, et 1200 dans les orphelinats d'Antélias (sous les auspices de l'organisation australienne ciblée), soit un total de 1901 orphelins. Au Liban, dans les orphelinats de Nahr al-Ibrahim, Djebel, Mamltein, Jazir, Nazareth et Proumania 3 984 orphelins, 284 orphelins dans l'orphelinat de Junaid. Au total, 809 orphelins ont été hébergés à Jérusalem, dont 457 étaient dans les orphelinats d’Araratian et 352 dans les orphelinats de Vaspourakan. Ces derniers étaient sous la garde de l'UGAB et ont déménagé à Jérusalem en février 1922 de l'orphelinat Nahr al-Omar en Irak.

Dans la République d'Arménie, qui est appelée la République d'Erevan dans le bulletin, en juin 1923, 22 000 orphelins s'étaient réfugiés. Il y avait 22 000 orphelins dans d'autres orphelinats à Erevan, Alexandrapol et Jalal Oghli. Parmi ces orphelins, 21 450 étaient sous les auspices du Comité de secours au Proche-Orient et 550 orphelins adultes étaient pris en charge par le pays.

La Géorgie n'est pas incluse dans le bulletin, mais il convient de noter que le rapport en français daté du 12 juillet 1920 et intitulé «Les enfants arméniens qui ont souffert de la Grande Guerre, l’affaire de leur salut. Situation actuelle, besoins » indique qu'il y avait à l'époque environ 10 000 orphelins dans les régions de Géorgie et du Caucase. En Grèce et dans les îles environnantes, environ 5 000 orphelins ont été hébergés à Athènes, Chalcis, Sira, Orophos et Corinthe. 880 orphelins ont trouvé refuge à Corfou. La Fondation du maire Lord de Londres a pris en charge 750 orphelins à l'orphelinat de Corfou, tandis que les 130 autres orphelins ont été pris en charge par des particuliers. Au total, le nombre d'orphelins est de 5 880.

En Macédoine, 1 038 orphelins ont été hébergés dans divers orphelinats de la région de Salonique, tels que Galamata, Samson et d'autres orphelinats. 1 496 orphelins en Thrace occidentale, à Serez, à Gavala.

Ainsi, le nombre total d'orphelins en Grèce, dans les îles environnantes, en Thrace et Macédoine était de 8 414. La délégation nationale arménienne a nommé Vahan Tékéyan comme représentant plénipotentiaire pour améliorer les conditions de vie des réfugiés de Grèce, de Syrie, d'Égypte et de Suisse, en particulier des orphelins. Le 2 juin 1923, à l'initiative du président de la délégation nationale arménienne à Paris Gabriel Noratounkian, une réunion consultative a été organisée à Paris, et un congrès avait été prévu le 19 août. On suppose que ce bulletin a également été préparé pour le congrès susmentionné. Des représentants de la bourse américaine d’UGAB, d’Arménie soviétique ont participé à la réunion, où il a été décidé d'éduquer les orphelins arméniens conformément au programme présenté par la délégation nationale. À l'initiative de Vahan Tékéyan, 2 500 orphelins ont été transférés de Grèce en Égypte.

Le nombre d'orphelins hébergés en Bulgarie était de 600, dont Aïtes - 31, Yambol - 31, Khaskovo - 45, Tatar Pazarjik - 130, Atara Zakera - 48, Ruse - 66, Varna - 68, Sliven - 10, orphelins non enregistrés - 149, 149 sur 600 orphelins mentionnés étaient sous garde nationale. Il convient de noter que le 28 novembre 1919 lors d'une conférence des partis politiques arméniens à Sofia, il a été décidé que la communauté bulgaro-arménienne de Bulgarie subviendrait aux besoins de 300 orphelins qui avaient quitté la Grèce pour la Bulgarie.

Selon le bulletin, 200 orphelins ont été hébergés dans l’orphelinat Strounka en Roumanie. Ajoutons qu'en janvier 1922, environ 200 enfants de Constantinople, âgés de 7 à 14 ans, ont déménagé en Roumanie. La colonie roumaine-arménienne locale s'était adressée au gouvernement et une organisation de tutelle a été formée, dirigée par Arménak Mansilian, ayant à la tête Hakob Siruni, grâce aux efforts duquel l'orphelinat du village de Strounka, qui avait également un lycée, a été créé.

56 enfants ont trouvé refuge dans l'orphelinat suisse - arménien. En France, 19 enfants ont été enregistrés cette année-là, dont 15 à Marseille. Ces derniers n'ont pas été pris en charge.

Dans la ville canadienne de Georgetown, 50 orphelins ont été hébergés par une organisation d'aide canadienne. Plus tard, en 1925, l’Association de secours canadienne a envoyé 100 orphelins de l'orphelinat de Corfou à la ferme Georgetown près de Toronto afin que les enfants puissent se spécialiser dans l'agriculture.

Le nombre d'orphelins hébergés en Italie était de 400. Ces derniers étaient orphelins de Samatia, déplacés en Italie en décembre 1922. Le pape Pie XI a fait don de sa résidence d'été à Cantolfo aux orphelins.

Ainsi, en ce qui concerne le nombre d'orphelins, il est impossible de donner des chiffres exacts pour le nombre d'orphelins dans l'environnement musulman, car le mouvement des groupes d'orphelins dans des orphelinats différents était considérable, certains ont quitté les orphelinats, certains sont retournés avec des parents, certains ont quitté l'orphelinat à l'âge adulte. Il est plus difficile de calculer le nombre de captifs dans les orphelinats des foyers musulmans, car de nombreux enfants ont vécu dans l’atmosphère de peur et de menace pendant ces années, avaient oublié leurs noms, leurs origines arméniennes et s’étaient adaptés à l'environnement musulman.

L'analyse de ce bulletin, en le comparant à d'autres sources, nous permet de mentionner des données plus fiables pour les orphelinats et orphelins de 1923, compte tenu de la rareté des bulletins et documents pareils.


Nariné Margarian, candidat ès sciences historiques.
Secrétaire scientifique du MIGA