Missionnaire, infirmier et médecin, diacre protestant, témoin du génocide des Arméniens, sauveteur-soignant de milliers d'orphelins arméniens, veuves. Tout cela concerne le suisse Jakob Kunzler. Il a servi pendant environ 50 ans à Urfa et Ghazir (Liban), aidant des milliers de personnes, dont la plupart étaient des Arméniens.
Les 28 années « pré-orientales » de la vie de Kunzler semblaient être une longue route préparant l'avenir de sa vie. Perdant ses parents, très jeune, il travaille d'abord comme charpentier, puis à Basel il s’est spécialisé dans l’assistance médicale et la profession d’infirmier. Tout cela l'a préparé non seulement professionnellement, mais aussi « humainement ». Kunzler savait par expérience personnelle ce que signifie être orphelin dès son plus jeune âge. En 1899 la « Mission orientale allemande » de Johannes Lepsius a proposé à Jakob Kunzler le poste de médecin assistant à l'hôpital de l'organisation près de l'orphelinat d'Urfa. Grâce à ses qualités humaines et professionnelles, il a pu gagner le respect et la confiance de la population multinationale locale.
Pendant les années du génocide des Arméniens, Kunzler était toujours à Urfa, qui était l'un des centres du génocide contre les Arméniens. Il a non seulement été témoin de tout cela, mais a également essayé d'aider au maximum les Arméniens victimes des autorités turques. Plus tard, Kunzler a participé aussi à la libération des femmes et des enfants arméniens des musulmans.
Après la fin de la Première Guerre mondiale, la « Mission allemande orientale », en tant que représentant du pays vaincu, a dû cesser ses activités en Turquie. À cette époque, Kunzler jouait un rôle important dans la préservation des bâtiments appartenant à l'orphelinat allemand d'Urfa et dans l'amélioration de la situation des Arméniens qui s'y étaient réfugiés.
En 1919, Kunzler est retourné en Suisse, mais en 1922, il était de nouveau à Urfa, cette fois en tant que travailleur au comité de secours au Proche-Orient, s'occupant d'orphelins arméniens et de la comptabilité. Au printemps de la même année, le Comité de secours au Proche-Orient, tenant en compte de la situation défavorable en Turquie, a décidé de transférer les orphelins arméniens sous sa garde vers la Grèce, le Caucase, la Syrie et le Liban. La grande expérience de Kunzler était plus que pertinente dans cette affaire. En novembre 1922, il a transféré environ 8 000 orphelins arméniens en Syrie d’Urfa, Mardin, Diyarbakir, Kharberd, Arabkir, Akn et Malatya.
Poursuivant sa coopération avec le Comité de secours au Proche-Orient, en février 1923, Hagop Kunzler a dirigé l'orphelinat libanais de Ghazir, qui abritait 1 400 orphelins arméniens.
En 1928, Kunzler a servi dans la Société suisse pour le secours aux Arméniens et a continué d'aider les Arméniens nécessiteux. Tout au long de sa carrière, Kunzler a entouré les orphelins arméniens avec soin et chaleur, essayant d'alléger la souffrance des enfants qui avaient connu l'amertume de la vie d'orphelin. Dans le même temps, cependant, il n'a pas abusé d’une telle approche pour maintenir un niveau élevé de discipline parmi les orphelins. De plus, Kunzler a toujours cherché à préparer autant que possible les orphelins sous sa charge à la vie indépendante en les éduquant et en faisant d'eux des maîtres du métier.
Grâce à ses nombreuses années d'activité désintéressée, il est appelé "Papa Kunzler" par les Arméniens. Il convient de noter que pendant tout son service en Orient, Kunzler était accompagné de sa fidèle épouse, Elizabeth Kunzler (Bender), qui partageait toujours toutes les difficultés et les épreuves de la vie de son mari et était également aimée des Arméniens.
Aram Mirzoïan
Chercheur senior du MIGA
Jacob Kunzler et les orphelins arméniens
Jacob Kunzler ("papa ") et son épouse Elizabeth ("mama ")