Zapel Essaïan
Mères arméniennes, je vais vous présenter ce message,comme la terrible
et indicible catastrophe qui est la vôtre, des milliers d’enfants devenus orphelins
et qui se trouvent sous vos tutelles. Quand vous entendez leurs noms, ne pensez pas
comme vous êtes habitués à méditer sur la misère lointaine, mais dans chaque enfant voyez le
vôtre et souffrez pour chacun, et ouvrez largement vos cœurs devant cette triste maternité.
Zapel Essaïan, célèbre écrivain arménien en prose, journaliste, critique littéraire et personnalité publique, de provenance de Constantinople, a un rôle considérable à jouer dans le sauvetage des orphelins arméniens. Cette dernière-ci, après les massacres d'Adana, part pour la Cilicie encore en 1909 dans le cadre de la deuxième délégation formée par le Patriarcat pour recueillir les orphelins et créer un orphelinat appartenant à la communauté arménienne. Après avoir séjourné dans la zone sinistrée pendant trois mois et partiellement rempli la mission, Z. Essaïan est retournée dans la capitale de l'empire en septembre1909. En 1911 à Constantinople, elle a publié l'ouvrage "Averakneroun medj" (Dans les ruines), qui était un rapport tant sur les massacres d’Adana que sur ses activités d’éliminer ses conséquences.
En 1915 le nom d’Essaïan figurait dans la liste des intellectuels arméniens soumis à la deportation en avril, mais elle a réussi à échapper à la police et s'est cachée dans le Caucase pendant plusieurs mois. Là elle poursuit ses activités publiques, traitant des problèmes des orphelins et des réfugiés. À Bakou, elle a prononcé des discours à Tbilissi (Géorgie) sur la persécution des Arméniens occidentaux, puis s'est rendue à Petrograd, Moscou, où elle a organisé une collecte de fonds pour les orphelins et les réfugiés arméniens. En 1918 elle s’occupe des problems du logement des orphelins arméniens au Proche et Moyen-Orient. À sa propre demande et sur la décision de la Délégation nationale arménienne, elle a été envoyée en Cilicie pour régler les affaires des orphelinats. Après avoir été nommée directrice de l'orphelinat d'Adana, elle a démissionné après le transfert de l'orphelinat à l'administration française en juin 1920. Essaïan a participé à l'organisation de l'évacuation des orphelins arméniens de Cilicie.
En 1922 elle était déjà à Paris, où elle a poursuivi son activité littéraire, publiant les ouvrages «Hogis Aqsoreal » («Mon âme en exil»), «Andzekutian jamer » («Heures de souffrances»). Elle coopérait avec la délégation arménienne dirigée par Avétis Aharonian, participant à la Conférence de paix de Paris.
Réguina Galoustian
Candidate du MIGA, chercheuse