Violant les frontières établies par le traité de Brest-Litovsk, au printemps 1918 les troupes turques ont envahi la Transcaucasie. Au su et à la permission du gouvernement de la République démocratique d'Azerbaïdjan nouvellement formée, le nombre total de forces turques sur le front de Bakou à la fin du mois de mai a dépassé 20 000, auxquelles se sont joints 2 000 détachements kurdes. Le 31 juillet, « l'armée musulmane du Caucase » dirigée par Nouri pacha a lancé une attaque à grande échelle, occupant Bakou dans la nuit du 14 au 15 septembre. Malgré les assurances de sécurité données par les Arméniens aux consuls danois et iraniens, des officiers turcs sous le commandement du ministre de l'Intérieur Khan Djivanchir avec la participation de l'armée régulière turque et des Tatars des villages environnants avaient massacré des milliers d'Arméniens à Bakou les 15 et 17 septembre, pillant leurs biens.
Les premières victimes du massacre de Bakou ont été l'intelligentsia locale, parmi lesquels des médecins, des ingénieurs, des avocats, des pédagogues, des écrivains, des journalistes et autres. Presque aucune famille arménienne n'a pu échapper aux horribles massacres, destructions et pillages qui ont eu lieu pendant trois jours. Certains d'entre eux ont été massacrés juste dans leurs appartements et d'autres dans les rues et les abris. Le quartier arménien a été complètement démoli. Ils n'ont même pas épargné les enfants et les malades ; 360 patients ont été tués à l'hôpital Balakhani et 63 enfants ont été jetés du quatrième étage d'un orphelinat de la rue Komandantski. Les massacres ont continué dans la maison de campagne de la société par actions appartenant à la compagnie "Nobel Brother" non loin de Bakou où plus de 200 Arméniens qui s'étaient réfugiés là-bas ont été tués. Afin de cacher les traces des massacres de masse, la plupart des cadavres d'Arméniens rassemblés dans différents quartiers ont été jetés à la mer ou incendiés. Le quatrième jour du massacre, sur ordre de Khan-Djivanchir, 9 000 jeunes Arméniens ont été envoyés aux travaux forcés dans le désert de Moughan, dont seulement 400 ont pu rentrer.
Selon les statistiques compilées par la "commission d'enquête" jouxtant le Conseil national arménien de Bakou présidé par Bakhchi Ichkhanian, témoin du massacre, avant la chute de Bakou, la population arménienne était de 88 673 personnes. Le nombre total de victimes du génocide commis par les forces turco-tatares était de 29 063.
Les pogroms de Bakou de 1918 étaient une continuation du génocide planifié et commis contre les Arméniens dans l'Empire ottoman. Les épisodes horribles des massacres et des violences ont été constatés par de nombreux militaires, journalistes, diplomates et survivants qui ont été témoins oculaires de tout ça.
P.S. Le 15 juillet 1921 à Constantinople un jeune Arménien Missak Torlakian assassiné Bihbud Khan Divanchir, l'ancien ministre de la République d'Azerbaïdjan qui était responsable de la mort de milliers d'Arméniens dans diverses régions de l'Azerbaïdjan. Son procès a eu lieu devant un tribunal militaire britannique à Constantinople à l’automne 1921. Par décision du tribunal, Misak Torlakian a été libéré.