01.03.2016
Le village Bazmachène se situait à 8 km à l'ouest de la ville Kharberd du district Kharberd (province Kharberd, Arménie Occidentale).
Autrefois le village était appelé Bazman. Selon la tradition, il a été fondé en 1165 par sept familles nombreuses. Au fil des siècles, le village est devenu plus encombré.
A la veille du génocide, à Bazmachène il y avait environ 6000 Arméniens. Les produits des cordonniers, des charpentiers, des sucriers, des toiliers de Bazmachène se vendaient dans les différentes villes de l'Empire Ottoman. Il y avait une usine d'huile, des ateliers coupant et empaqueteurs des papiers de la cigarette du tabac.
A partir de 1887, une vague d'immigration des Arméniens de Bazmachène a pris un grand essor vers les États-Unis. En 1892 les habitants de Bazmachène vivant aux États-Unis ont fondé la société éducative civilisatrice de Bazmachène, qui s'occupait de l'éducation de jeunes gens de son village natal. En 1895 la société manifeste d'une grande aide aux compatriotes étant victimes des massacres hamidiens, construit une nouvelle école pour les 300 élèves.
Le 28 juin 1915, les autorités turques ont donné l’odre à la population de Bazmachène de partir pour les déserts de Syrie. Plusieurs familles étaient sans défense, leurs conjoints et leurs enfants s’étaient enrôlés ou emprisonnés. Il était impossible de se mettre en route à pied avec deux, trois, quatre enfants mineurs. Les enfants demandaient leurs mères d’étreindre, et les femmes, n’ayant d’autre moyen de forcer les enfants à marcher, disaient: "Mon fils, si tu ne marches pas, les Turcs te tueront."
Quelques jeunes gens de Bazmachène n'ont pas obéit à l’ordre d'expulsion; ils se cachent dans les endroits du village, mais se découvrant par la suite, ils ont été assassinés par les Turcs et les Kurdes.
Sur la route du desert les habitants de Bazmachène se rejoignaient à la caravane de 30,000 Arméniens réunis d'autres endroits du district de Kharberd. Sur la rive d'Euphrate / près de Kyomourkhan, environ 50 km au sud de Bazmachène / les soldats turcs séparaient les hommes ayant plus de 12 ans des femmes et des enfants. Peu de temps après de départ de la caravane tous les hommes sont mis à l'épée et sont jetés dans le fleuve Euphrate.
Le refuge suivant de la caravane était Malatia. L'un des témoins décrit d'une facon suivante les dénuements de la route menant à la mort. " Les jeunes femmes vigoureuses qui étaient souvent plus puissantes que les hommes, à ce moment elles étaient affaiblies, mais elles n'avaient plus le pouvoir de marcher. Elles ne pouvaient même pas prendre soin de leurs enfants, elles étaient obligées de quitter leurs enfants au bord de la route et partir. Et comme il est horrible pour une mère d'être séparée de son cher enfant, mais elle n'avait pas d'autre moyen. Pour sauver son bébé, la mère était prête de se sacrifier, mais elle ne pouvait même faire cela, l'enfant devait tenir bon et marcher avec le groupe. Tel était l'ordre de l'officier turc. Il arrivait souvent que la mère faisant asseoir son enfant à l'âge de 3 ou 4 ans sous un arbre et disait. "Reste ici, je vais apporter de l'eau pour toi". Et elle s'éloignait pour ne revenir plus. La mère savait qu'elle ne devrait pas revenir, mais elle n'avait même pas un morceau de pain et elle s'éloignait les larmes aux yeux, ne pouvant même pleurer, se tournant souvent pour revoir son enfant".
Beaucoup de gens mouraient de faim et de soif. "Il arrivait qu'on passait à côté de l'eau, mais personne n'était autorisée à boire une goutte d'eau et à se désaltérer."
Durant le passage de la caravane dans certains villes et villages, les émigrés se soumettaient aux attaques et aux pillages des canailles turques et kurdes. Les viols étaient fréquents... Beaucoup de jeunes filles et de belles-filles étaient enlevées et étaient emmenées dans les maisons turques et kurdes où on les attelait au travail du ménage comme des esclaves. Beaucoup de femmes, " zélées pour l'honneur, ne voulant pas se rendre et se jetant dans l'eau, mettaient fin à leurs vies."
Les femmes et les enfants marchaient sous le soleil brûlant. "Le corps de plusieurs personnes était brûlé sous le soleil et il y avaient des plaies ouvertes. Par l'ordre du gouvernement on a brûé les gens blessés, pour obvier aux maladies infectieuses ".
Après la localité Veranchéhire d'Urfa, était la région désertique et peu peuplée. L'un des témoins raconte: "A ce moment on emmenait (les déportés) loin des villages et des villes, de sorte que qu'elles n'aient pu obtenir aucune nourriture. Il arrivait qu'en voyant un animal mort, elles ravissaient des mains des autres. Après avoir mangé la viande, elles conservaient soigneusement les os et les rongeaient durant le chemin. Souvent, elles faisaient de la farine en battant ces os et les mangeaient. "...
Environ de 6000 Arméniens déportés du village Bazmachène, seulement 155 personnes ont réussi d’arriver à peine à Deir ez-Zor. Après l'armistice de 1918, dans les déserts d’Assyrie, 25 habitants de Bazmachène maintenaient leur existence dispersés dans les régions d’Urfa et de Bagdad. Les jeunes de Bazmachène, bénévoles dans l'armée américaine, qui étaient partis pour le front, ont assumé l’affaire de leur réunion et de leur rapatriement dans leur patrie. La population arménienne de la région estimait environ 140 personnes avec à peu près 80 habitant de Bazmachène, qui étaient revenus dans leur village après la guerre et étaient pris en otage dans les régions turques et kurdes. Le village était en ruines, les biens des Arméniens étaient saisis par le gouvernement ou par les seigneurs influents kurdes et turcs. En dépit de toutes les dénuements et les pressions, les habitants de Bazmachène revenus ont pu rester dans leur territoire natal jusqu'à 1929, lorsque le gouvernement kémaliste leur a forcé de laisser leurs biens et de partir pour d'autres pays; la Syrie, la France, les États-Unis.
Les autorités turques ont rebaptisé Bazmachène en Saritchoubouk. Selon des données de l'année 2012, la population de ce village était 668 personnes.
En préparant cet article nous avons consulté l'œuvre consacrée à l'histoire de Bazmachène d'Abdal Poghosian (Poghoséan Aptal, La vaste histoire de Bazmachène: Du jour de sa fondation jusqu'aux derniers jours, Boston, Païquar (Lutte), publié en 1930) et d'autres matériaux.
R. Thathoyan
The village Bazmashen of the Kharberd province
Armenian church of village Bazmashen
Abdal Shahbazyan from village Bazmashen