02.06.2016
Le village arménien Roumtikin se situait en Petite Arménie historique (province Angora, région Yozgat, caza Poghazlyan), à environ 43 kilomètres au nord de la ville de Césarée, au bord de la rivière Halis. Roumtikin oriental était purement turc (200-300 maisons). Les Arméniens vivaient à Roumtikin occidental où il y avait environ 750 maisons (3000 Arméniens).
Les Arméniens pratiquaient en générale l'agriculture et l'élevage. Les habitants prospères et les plus riches avaient des champs, des jardins, des moulins, des fermes, des troupeaux de moutons. Le peuple a été impliqué dans les travaux de champs pendant trois saisons, et en hiver, faisait de différents artisanats. Les artisans arméniens satisfaits non seulement les besoins du village Roumtikin, mais aussi les besoins des villages environnants.
L’église de Roumtikin, St. Marie, a été attachée à l’école Partevyan.
La vie des Arméniens de Roumtikin fut interrompue à cause de la Première Guerre mondiale. En Avril et mai 1915 les premières arrestations furent commencées sous le prétexte de rechercher des armes.
Beaucoup d'hommes furent emprisonnés et soumis à la torture. Le bruit des coups, des cris attentaient la rue.
Les autorités turques emprisonnaient de nombreuses personnalités éminentes de Roumtikin à Césarée. La plupart des détenus furent ensuite été exécutés.
Le 12 juin, Roumtikin était remplis d'un grand nombre de policiers et de tchetés. Les hérauts de district annoncèrent l’enrôlement des hommes de 18 ans à 65. L’église était l’endroit de l’enrôlement des hommes. Chacun devait prendre avec soi de la nourriture, de l'argent, du vêtement.
Le village fut vidé des hommes. La nuit, la police turque emmenait des centaines d'hommes dans les chaînes à la roche Ferenderesi à une heure de distance du village, où ils les tous tuaient.
Les nobles arméniens, à la tête du prêtre de village, Nersès Khorassanchyan, furent emmenés au centre de la région, dans la ville Poghalyan. Après y avoir été interrogés ils furent transportés à la roche de la proximité de l'un des villages voisins où ils furent tués.
Après l'extermination des hommes et des personnalités éminentes, c’était le tour des femmes et des enfants. La police turque des villages d’environnant expulsa de force de leurs maisons les Arméniens de Roumtikin sous le prétexte de la déportation. En dehors du village commence l’enlèvement de jeunes filles. Les Turcs qui avaient déjà un œil sur l'une des filles ou l'épouse de quelqu’un profitaient de l’occasion pour se marier de force. Beaucoup de garçons et de filles furent détenus dans les maisons turques comme serviteur et servante.
Le reste, surtout les vieillards, les femmes et les enfants furent chassés dans la roche Otman près de la montagne Orotsik. C’est là-bas était leur pillage et leurs massacres.
Un garçon, sauvé miraculeusement, a laissé la description suivante de l'abattage : « Quand ils sont atteint le roche Otman, tout le monde est descendu des chariots. Les Turcs étaient prêts d’attaquer le troupeau comme les loups affamés. Chacun récoltait nos mères, nos sœurs, nos enfants innocents de ses haches, épées rouillées, marteaux, faucilles, faux. Les mères protégeaient leurs enfants avec les bras, elles voulaient mourir ensemble et ne pas séparer de leurs enfants. Elles priaient pour qu’ils les tuent avec les enfants, mais qui les écoutait? Ils enlevaient les enfants de leurs mères, les coupaient cyniquement à deux partie en criant : « Quel bon agneau, il sera un agréable dessert avec la vodka.... Les mères qui avaient de l’argent, le proposaient pour tuer d'abord elles-mêmes, puis leurs enfants, pour ne pas voir leur mort atroce. Cette nuit jusqu’au matin, les pleurs et les lamentations des mères, la torture jusqu’ à mort des enfants, le gémissement des amis presque morts à cause des coups de hache montaient jusqu’au ciel. Il semblait que c’était le Jugement dernier, les montagnes et les roches étaient remplie de cris et de gémissements ».
Ce n’était pas la fin de la catastrophe des habitants de Roumtikin. Quelques jours après les massacres de la roche Otman, les autorités remarquèrent qu’il y avait encore quelques Arméniens dans le village, qui avaient échappé. Ils commencèrent la persécution des Arméniens sauvés. Ils les réunirent et les tuèrent pas très loin du village.
Quelques dizaines de jeunes filles et jeunes garçons de la population de Roumtikin ont pu échapper aux massacres. Ils se convertirent de force à l'islam et obtinrent de nouveaux noms: Jalal, Jamal, Ayse, Zeinab etc.
Les descendants des Arméniens de Roumtikin, habitant en Arménie et à l'étranger, ont érigé en 1975 le mémorial « Loussaghbyur » sur la route du quartier Noubarachen d'Erevan, en mémoire de leurs compatriotes massacrés pendant le génocide.
Source de l’article : «Հիշատակարան Րումտիկինի » H. Yapoutchian (Beyrouth, 1967)
Robert Tatoyan, chercheur au Musée-Institut du Génocide des Arméniens de l’ANS de la RA